j'ai lu, j'ai vu, j'ai écouté : j'en parle !


 Cette rubrique est ouverte à tous les élèves qui souhaitent faire partager leur point de vue sur l'actualité ARTISTIQUE ET CULTURELLE.

Thomas, Première ES2, nous adresse deux chroniques cinéma :

A la poursuite de demain.

 A la poursuite de Demain ou Tomorrowland,  pour les anglicistes, est un film réalisé par Brad Bird, réalisateur déjà connu pour Le géant de fer ou Ratatouille. Le film est sorti en salle 20 mai et met en scène un duo George Clooney et Britt Roberson, deux visionnaires tentant de sauver le monde en retrouvant une ville futuriste d’une autre dimension.
Le film de Brad Bird est visuellement très beau et sans exagérer ses décors, il parvient à capter le spectateur et l’envoyer dans un autre monde. Le film réussit, malgré certains passages dramatiques et graves, à garder de l’humour bon enfant. Les différents messages du film, souvent alarmistes, sont ancrés dans les films de science-fiction et sur la fin du monde, mais ils sont insérés de façon à prendre une forme novatrice et intéressante. On peut citer le contraste saisissant entre l’image qu’on avait du futur dans les années 60 : un futur aux voitures volantes, aux immeubles de verres touchant le ciel avec leurs formes invraisemblables et enfin tous les problèmes d’énergie, d’inégalité et de maladie derrière nous. Et le futur de 2015, où une guerre nucléaire, un cataclysme ou simplement l’ingérence de l’homme ont fait de la terre un monde invivable et dangereux.  Cette différence marquée permet de se demander :  « Sommes-nous devenus des pessimistes ? ».
Malheureusement, le thème principal du film, la fin du monde programmé à cause de l’homme, est très mal intégré dans le film. Car le monologue qui explique ce problème, qui est par ailleurs excellent, est débité par le méchant du film, alors même qu’il a raison le spectateur se détourne de sa vision pour se réfugier dans la très niaise proposée par le duo central du film. Alors que le monologue du méchant appel à réfléchir et à se remettre en cause, la vision inverse est d’attendre que des gens de bonne volonté viennent nous sauver. En terme d’interprétation, George Clooney est en roue libre et ne semble pas intéressé du tout, l’héroïne : Britt Roberson, bien loin de son rôle de surdouée, semble perdue et effacée. La seule révélation est peut être Raffey Cassidy dans l’interprétation d’Athéna. Enfin le scénario bien que bon dans l’ensemble, survole beaucoup d’explication et de transition ce qui a le don de perdre le spectateur qui finit par arrêter de réfléchir pour se rattacher qu’aux effets spéciaux très réussis.
Au final, c’est un film beau et plein de bonnes intentions mais mal servit dans les interprétations et le scénario décousu. Un film qui demain ne sera certainement pas dans les mémoires.  


Imitation game.

Juste en dessous du titre de ce film réside une phrase qui traduit parfaitement l’intention du film : «  Vous ne connaissez pas cet homme, pourtant il a changé nos vie ». Ce biopic réalisé par Morten Tyldun et sortit en janvier, met en scène un Benedict Cumberbatch épatant dans la peau d’Alan Turing. Ce personnage, brillant mathématicien et cryptologue anglais, surtout connu des scientifiques est enfin placé sur le devant de la scène en qualité de héro de guerre. C’est armé de ces neurones et de sa volonté que Alan Turing déchiffre la machine à code allemande, Enigma, réputée indéchiffrable. Ce film, bien que centré sur le travail de Turing pendant la guerre, se permet des écarts pour monter les différentes facette du personnage : Du Turing sportif, presque qualifié aux Jeux olympiques, on passe au Turing dépressif des dernières années, condamné à la castration chimique. Car en effet, Alan Turing était homosexuel comme on le découvre dans de courts flashback sur son enfance, cependant l’Angleterre des années cinquante considère cela comme un crime. Cela le pousse au suicide délibérément coupé au montage afin d’accentuer le coté injuste et inhumain du jugement d’un homme comme Turing.
Le film, bien que très bon visuellement, dans son casting  et avec un texte qui alterne les dilemmes et l’humour très anglais, reste très classique dans sa construction. Les plans sont fixes et certains passages censés faire monter l’attention du spectateur sont enfaite vraiment prévisibles dans la construction et le dénouement. Mais un film classique ne rime pas avec mauvais, en effet le but de montrer un personnage peu connu sous forme de héro est parfaitement rempli. De plus la scène suivant la découverte du code Enigma est intense, très bien filmée et apporte au film une dimension tragique magnifique. Le film permet également de comprendre l’enjeu stratégique et humain du travail d’Alan Turing sur Enigma.
Imitation Game est un film qui remplit son objectif de présenter au grand public Alan Turing, ce héros de l’ombre, mais il aurait gagné en finesse et en intérêt en sortant un peu plus des bornes académiqu

 

 Thomas, Première ES2 nous donne son avis sur Selma réalisée par AvaDuvernay.

Selma, un retour haut en couleur sur la lutte de Martin Luther King pour l’égalité entre noir et blanc à travers son action dans la ville de Selma en Alabama. Duvernay Ava, déjà reconnue pour sa série Scandal signe ici un film de deux heures sur un événement marquant de la vie d’un géant de l’histoire Américaine.  

Le film raconte donc le combat de Martin Luther King et des activistes opposés à la ségrégation en se concentrant sur une partie de ce combat : le droit de vote. Normalement celui-ci est accordé aux personnes noires, pourtant certains états ultra-conservateurs refusent ce droit inscrit dans la constitution. Contre cette injustice commence un double combat, convaincre le pouvoir en place à Washington soucieux de ne pas froisser le Sud et les autorités locales de donner le droit de vote. Selma est la ville choisie car elle représente la fracture qui existe dans le pays : une population à moitiés composée de noirs mais aucun électeurs.
Le film est très bien réalisé dans le sens où l’on redécouvre le personnage de Martin Luther King avec ses doutes, ses passions, sa vie de famille … l’homme, que la légende présente comme déterminé est mis à jour de manière touchante. Le travail d’ombre et lumière est très bien travaillé surtout les passages sur le pont de Selma qui sont absolument magnifiques. La bande son est bien faite même si elle passe au second plan dans ce biopic. L’autre très bon point du film : les affrontements, mis en scène sous forme de Western, ils montrent très bien la violence avec une caméra à hauteur d’homme pour la rendre réaliste sans l’exagérée. Cependant le film possède un défaut majeur : sa première partie, la mise en place de l’intrigue est assez longue et ponctuée de passages qui peuvent paraitre inutiles.
Ce film est donc très réussi, la découverte de cette partie de la vie de Martin Luther King est très enrichissante pour les plus curieux. Même si le début est un peu lent, le film dans son ensemble et à voir et à revoir sur l’écran géant blanc dans la salle noires du cinéma le plus proche ! 

Prudence, Première ES2 nous parle d'un homme idéal de Yann Gozlann.

  Trajectoire d’une vie perdue dans le mensonge

Percutant. Déroutant. Presque dérangeant. 
Un homme idéal est un thriller au sens noble du terme : « film ou roman à suspense qui provoque des sensations fortes. » C’est juste. Tout tombe parfaitement bien. Le cadrage est impeccable. Le jeu d’acteur remarquable. Pierre Niney excelle. Dès le début, la tension se ressent. Pendant une heure et demi, c’est le souffle retenu que des images frappent la rétine, choquent l’esprit, se heurtent à la morale. Une peur constante ; un attachement à cet écrivain, ce voleur de mots ; une course folle, qui ne s’arrête jamais. Avoir de l’ambition, mais à quel prix ? Sauver sa peau, mais à quel prix ? On y voit les limites du jeu social, les défaillances d’un homme, les conséquences du mensonge et la fragilité d’une vie. C’est l’échec d’un premier roman, l’échec d’une vie entière.


Guillemette, Première ES2 a choisi de nous parler du dernier roman de David Foenkinos.

Ce livre retrace la vie de Charlotte Salomon. En grandissant, elle va développer un talent pour la peinture et intégrer l’école des Beaux-Arts. Seulement le problème, c’est qu’elle est juive et qu’elle habite en Allemagne, que l’histoire commence en 1917 et qu’elle se termine en 1943. Vous l’aurez compris, Charlotte, c’est un récit troublant et triste, c’est 220 pages de rejet et de maltraitance humaine, de souffrance, d’interdits et d’humiliations. Ce sujet n’est pas des plus gai, des plus agréable et vous serez certainement hésitant avant de vous y aventurer. Je vous comprends, c’était mon cas. Mais en le lisant, vous serez bercé par une écriture légère et facile, en contraste avec l’histoire. David Foenkinos fait le récit de sa quête, de la reconstruction progressive de la vie de Charlotte. Il se rend sur ses anciens lieux de vie, retrouve et questionne des personnes avec qui elle a vécues, il la retrace. De cette manière, Foenkinos nous invite à une émouvante double rencontre avec la jeune juive. Sa vie, rythmée par le drame, la joie, la peine, la honte, la peur, et puis cet amour passionnel et douloureux à la fois pour Auguste. Cet amour à l’origine du talent de Charlotte. Cet amour c’est son inspiration, sa respiration.
Alors que la menace nazie s’intensifie, que pour Charlotte, sa famille et tous les autres juifs d’Allemagne, la vie ne rythme plus qu’avec exclusion, la jeune femme part se réfugier en France. Séparée de ceux qui lui sont chers, elle entame la composition d’une oeuvre picturale autobiographique d’une intensité fascinante. Ces peintures précieusement conservées étaient, jusqu’à aujourd’hui, la seule trace du passage de l’artiste sur terre. Ainsi Foenkinos, à travers son récit, donne une chance à Charlotte ainsi qu’à ses oeuvres de vivre pour de bon, de vivre réellement. Un splendide hommage.     

Antoine, élève de Première ES2 nous livre son avis sur American Sniper de Clint Eastwood.

Ce film américain réalisé par le grand Clint Eastwood est un film de guerre américain dans lequel un hommage est rendu à un soldat, Chris Kyle, tireur d’élite et ancien membre de l’armée des Seal. L’acteur principal, Bradley Cooper, interprète alors le rôle de Chris Kyle. La ressemblance physique est assez troublante entre les deux hommes, c’est pourquoi le film est avant tout une œuvre de cinématographie qui rend hommage à l’homme considéré comme «  la Légende » du sniper. American Sniper est en fait l’adaptation cinématographique de l’autobiographie de Chris Kyle.
 Tout au long du film, nous suivons la vie de Chris Kyle, de sa jeunesse jusqu’à sa mort. On découvre un personnage qui apprécie particulièrement le rodéo. Quelques années plus tard, Chris décide de s’engager dans l’armée américaine. Après avoir suivi un entrainement intense, celui-ci est enrôlé en tant que sniper. Il rencontre ensuite Taia qui deviendra quelques temps après, sa femme. Il apprend ensuite qu’il est envoyé en Irak pour combattre les terroristes. Au cours de cette expédition, Chris va sauver la vie de plusieurs soldats américains et comptera à son actif plus d’une centaine de victimes adverses. Alors que Chris fonde une famille, il repart régulièrement vers l’Irak où il effectuera en tout, quatre voyages. Lorsqu’il revient à son domicile, les images de la guerre lui reviennent avec insistance, il devient paranoïaque. Alors que son engagement en Irak prend fin, il décide d’aider les blessés de guerre et donne des cours sur les tirs de sniper. Un jour, Chris s’en va alors accompagner d’un ancien Marine pour aller au stand de tir, Chris ne rentrera plus jamais chez lui. Il est assassiné par l’homme qui l’avait amené au stand de tir. La mort de Chris Kyle est alors devenue célèbre puisque cet homme a toujours souhaité servir son pays. Son cercueil a sillonné les routes des Etats-Unis afin que tout le peuple américain rende hommage à ce héros de la nation. 
Chris Kyle demeure comme le « héros » des Etats-Unis, et j’ai trouvé ce film assez démonstratif des prouesses réalisées par cet homme. Il s’agit d’un bel hommage, amplement mérité au vu des qualités de l’homme. Enfin, le criminel a été jugé il y a une quinzaine de jours et a été condamné à une peine de prison à perpétuité.


Prudence, élève de Première ES2 nous parle de son coup de coeur à propos de <<Charlotte>>, roman de David Foenkinos.

Des années après en avoir eu l’envie, David Foenkinos réussit à écrire la vie de cette jeune femme. Une « artiste » dit-il, cette fille qui le poursuit, qui l’obsède, qui fait partie de lui désormais. Ils ne se connaissent pas. 
Ce roman prend une forme particulière, Foenkinos déclare dans son livre « C’était une sensation physique, une oppression. J’éprouvais la nécessité d’aller à la ligne pour respirer. » On retrouve ce sentiment, ce quelque chose qui pèse dans chaque mot. On veut comprendre, on veut connaître cette histoire tragique. On appréhende à chaque ligne, mais on ne peut plus s’arrêter. C’est une quête perpétuelle d’un destin perdu. Prix Renaudot 2014, ce sont maintenant des milliers de lecteurs qui poursuivent son ambition. 
Charlotte, simplement bouleversant.

 

Lucas a assisté à la représentation de << En attendant Godot >>, voici sa chronique, suivie d'une autre consacrée à << Un illustre inconnu >>, un film de Matthieu Delaporte. 

  << attendant Godot >>, au théâtre de la Manufacture.


Il semble difficile de rédiger une chronique sur une pièce dont le continuum théâtral est complètement défait. Cette écriture diluée et concentrée de Samuel Beckett fait surgir les angoisses de son époque (1952), certaines qui se répercutent aisément aujourd'hui. Parce que l'on n'est jamais assez au théâtre, Jean Lambert-Wild, Lorenzo Malaguerra et Marcel Bozonnet mettent en scène En attendant Godot, l'une des pièces contemporaines les plus jouées. Les comédiens ivoiriens Fargass Assandré et Michel Bohiri jouent le rôle des deux vagabonds Vladimir et Estragon, le personnage en pyjama rayé de Lucky est interprété par Jean Lambert-Wild, celui de Pozzo par Marcel Bozonnet et celui du garçon par Lyn Thibault. Deux vagabonds ivoiriens, un esclave en pyjama rayé, « c'est la mémoire de l'Occident qui surgit tout à coup » explique Jean Lambert-Wild.

La pièce : deux vagabonds attendent la venue d'un certain Godot, et cherchant des « distractions » pour passer le temps, ils reçoivent l'étrange visite de Pozzo, maître d'un knouk (esclave sous-homme enchaîné) nommé Lucky. Le récit s'arrête là, et c'est bien ce qui décontenance rapidement le spectateur envieux d'une histoire bien rédigée. Beckett nous met dans une situation confuse. Le cadre temporel subsiste à peine grâce aux lumières mais le cadre spatial est inexistant. Beckett utilise l'attente comme une douleur à laquelle les personnages et les spectateurs doivent faire face. Et cette rengaine pénible et pesante qui traverse les répliques : « Allons nous-en. / On ne peut pas. / Pourquoi ? / On attend Godot. ». Car oui, Godot est tout et rien à la fois. L'espoir d'une terre d'accueil, Dieu pour les croyants, un homme providentiel ou encore la fin du monde, la mort, … On oscille facilement entre les deux. Les comédiens s'illustrent de façon remarquable et leur jeu porte le texte de Beckett justement, cependant dans un rythme trop régulier. La tirade en psalmodie de Lucky souligne avec terreur la pensée absurde de l'homme et mêle le rire cruel à la tragédie de la vie. Encore un hommage à l'écriture automatique.

Avec toute l'honnêteté de l'humble spectateur, je dois dire avoir été fâché à la sortie du théâtre, comme si quelque chose m'avait échappé. Bref, je n'avais pas aimé. Après en avoir discuté avec d'autres personnes et m'étant mieux renseigné sur Beckett, on peut espérer appréhender un peu plus positivement ce théâtre. En fait, voilà ce que l'on peut conclure : Samuel Beckett rend délibérément ses textes inaccessibles par l'absurde, il provoque le spectateur en le forçant à s'interroger sur quelque chose qui au fond n'a aucun sens. Il nous met au pied du mur en ne nous donnant pas ce que nous voulons, nos évidences sont nos paradoxes. J'admire les gens qui aiment tout de suite cette amère leçon de Beckett et des comédiens sur scène, il faut avoir beaucoup d'esprit … Peut-être vous sentirez-vous suffisamment fort pour cela ?

    Lucas, Terminale ES2 a vu

<< Un illustre inconnu >>, un film de Matthieu Delaporte. 

 Que peut bien cacher ce titre, ou plutôt qui ? Après deux heures de film, la question reste en suspend. Réalisé par Matthieu Delaporte après Le Prénom au théâtre et au cinéma, Un illustre inconnu est une intrigante fable contemporaine abordant une variété de thèmes signifiants. La crise de l'identité dans la modernité, la solitude, la recherche de soi, l'envie de vérité mais aussi de mensonge, … Autant d'angoisses que le costume, le maquillage ou la chirurgie (selon vos préférences) tendent à vouloir effacer dans un monde d'apparence. Mathieu Kassovitz incarne le personnage principal, Sébastien Nicolas, un homme dont la grisaille et la banalité ont envahi son existence. Au cœur de ce thriller psychologique qui mêle subtilement suspense, drame, peur et un peu d'action, le spectateur marche sur un fil d'équilibriste.

Sébastien Nicolas est l'allégorie de l'homme standard des temps modernes. Plongé dans un profond trouble identitaire, il rêve de devenir quelqu'un d'autre et s'imagine dans la peau des passants qu'il croise au cours de sa journée. Il traque en silence les habitudes de ses proies, se maquille et tente de vivre comme elles pour échapper à sa solitude. On assiste impuissant à cette platitude, à cette culpabilité que l'on côtoie tous au quotidien. Jusqu'au jour où il trouve la vie qu'il lui faut, la personne qu'il veut être et s'immisce dans son passé et son présent. Comment pourra-t-il tenir dans une apparence et une existence qui ne sont pas les siennes ? Au risque de trop en dire, cet « illustre inconnu », c'est un peu nous dans nos pires facettes et nos vices à vouloir devenir un autre.

La première heure du film nous expose cet étranger camusien, dont les activités de voyeurisme pathologique nous rappellent celles du jeune Claude du film Dans la maison (2012) de François Ozon. Mais rapidement, le scénario nous prend de court et nous relance vers d'autres fausses pistes. Il semble difficile pour le spectateur d'accuser ou d'encourager ce personnage, plus amoral qu’immoral. Que diriez-vous d'un jeu des sentiments, de quelqu'un qui se fait passer pour un autre et pourtant vous prête de la sincérité ? On est à la fois crispé et soulagé tout le long, c'est l'exutoire de nos secrets inavoués. La deuxième partie du film s'amuse de ces contradictions où « la réalité n'est pas la vérité ». Attendez-vous à douter sérieusement de votre identité, la fable ne fait que commencer.

  

Vu à la MJC Pichon par Lucas, élève de Terminale ES2.

  << Gothique, Gore et Cie >> par la troupe Improdisiaque


Il y a toujours un peu d'appréhension mélangée d’excitation et même un peu de peur avant de découvrir ou d'expérimenter quelque chose de nouveau. C'est bien naturel et c'est ce que vous risquez en vous rendant voir un spectacle d'improvisation. En effet, la troupe nancéienne d'Improdisiaque de la MJC Pichon propose tout au long de l'année à la fois des matchs d'improvisation ou alors des concepts (c'est-à-dire de l'improvisation autour d'une thématique déterminée à l'avance, ici le monde du gore et du gothique). Terminées les soirées tranquilles où vous restez assis en regardant passivement défiler le monde. L'improvisation fait du public et de la scène un vrai jeu d'échange. Vous jugez grâce à une carte bicolore les prestations des jouteurs (ceux qui improvisent en direct), et eux se transforment en contorsionnistes du rire spontané.

Purement impressionnant, on apprend à suivre un spectacle unique entre rires, calmes, silences, frissons puis délires loufoques. Qui peut prétendre haranguer les foules avec un « Non Jean-Paul ! Cette courge n'a rien à faire dans cette histoire » aussi magistralement qu'un jouteur ? La thématique du gore et du gothique plante un décor très caustique pour nous, simples mortels. Vous ne saviez pas que les prêtres exorcistes « fréquentaient » régulièrement la (belle) Faucheuse, que les cercueils et les cadavres ouverts pouvaient servir de décor, ou encore qu'en 2069 l'humanité sera devenue une espèce mutée en zombies improvisateurs ? Nous pouvons encore divaguer longuement comme ça, mais le principal reste qu'avec cinq excellents jouteurs, un mordant prêtre de cérémonie, une Faucheuse jouant les arbitres et une régie bien courageuse (!), on peut assister à une bonne représentation.

Testez l'improvisation, essayez ce style unique, il y en a pour tous les goûts. Ne soyez pas effrayés, l'improvisation vous libère de tout vos carcans du quotidien. L'intuition et la spontanéité mêlées de drôleries et de talent vous transportent rapidement. Ce qu'il y a de vraiment appréciable, c'est cette proximité entre le public et la scène, cette humour partagée et cette intimité un peu folle que rarement on peut expérimenter ailleurs. N'hésitez plus à venir les voir ou à vous renseigner sur leur site. Un seul mot pour Improdisiaque : Bravo !

  

Vu au cinéma par Lucas, critique enthousiaste et élève de Terminale ES2 !

  Mommy de Xavier Dolan.

Mommy, cinquième long métrage du jeune québécois Xavier Dolan (25 ans), a remporté le Prix du jury du prestigieux festival de Cannes 2014, s'est retrouvé en une de nombreux journaux et magazines en tout genre, a été commenté dans toutes les émissions possibles et sur tous les plateaux télé, a été largement applaudi par la critique en France et au Québec, a connu les éloges les plus flatteurs, etc ... Toutefois, ignorons un instant (quoique cela est difficile) tout ce que les médias et autres parleurs à la mode ont pu dire de ce film et concentrons-nous sur le travail artistique. Xavier Dolan réunit deux actrices qu'il connaît déjà bien, Anne Dorval et Suzanne Clément, et révèle le jeune Antoine-Olivier Pilon dans un scénario et un thème qu'il apprécie particulièrement : les relations mère-fils.

Déjà traitées partiellement dans son premier film J'ai tué ma mère, ces relations sont le centre d'une véritable réflexion autour de l'amour maternel et de la difficile cohabitation avec un fils atteint de TDAH (trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité). Après son expulsion du centre de rééducation, Steeve se retrouve avec sa mère Diane, une femme veuve, et tentent ensemble de retrouver un équilibre familial. Mais ce duo devient rapidement chaotique entre tendresses, chagrins, violences, jusqu'à l'aide inattendue de leur discrète voisine Kyla, professeur du secondaire en année sabbatique.

Les relations entre les trois protagonistes explorent des sentiments et des situations humaines d'une profondeur émouvante mais parfois très troublante. Le rire, les larmes, la colère et la peur font partie des ressentis du spectateur. C'est une véritable fresque émotive où cependant Xavier Dolan évite « l'esthétique de la pauvreté » pour ne pas se transformer en naturaliste de l'homme et de ces maux. Ainsi, il fait le pari audacieux de filmer en format 1:1 pour se focaliser sur le visage humain avec des plans très rapprochés. On peut aussi saluer les performances des acteurs qui dévoilent des personnages proches et dont l'on souhaite le bonheur malgré une terrible impasse. « Le père meurt, le fils l'achève ! » déplore tragiquement le personnage de Diane. Enfin, Mommy livre une douloureuse conclusion « Ça n'est pas parce que l'on aime quelqu'un, que l'on peut le sauver. L'amour n'a rien à voir là-dedans ».

Je ne peux pas faire contenir dans cette chronique tout l'enthousiasme que suscite ce film et même les autres de Xavier Dolan. Ce jeune réalisateur nous prend au cœur de nos existences et de la société pour nous offrir des expériences cinématographiques uniques, une autre vision de l'esthétique de la caméra, mais aussi de la musique, des décors, des dialogues, des lumières au cinéma, … Bref, une vision artistique moderne. Une illusoire rising star ? Un hipster pour les plaisances bobos ? Non, je ne pense pas. Je vous renvoie personnellement à tous ses autres films, tous plus audacieux pour un talent si jeune et surtout prometteur : J'ai tué ma mère, Les Amours imaginaires, Laurence Anyways, et Tom à la ferme.

 

Vu au cinéma par Lucas, élève de Terminale ES2 :

Gemma Bovery

Le titre du film parle de lui-même. Adaptation du roman graphique éponyme de Posy Simmonds, Gemma Bovery tente, et en toute modestie, de faire renaître l'archétype du personnage féminin d'un des plus célébrés chef d’œuvre de la littérature française. La réalisatrice Anne Fontaine nous propose un bel exercice de style à travers ce film. Ce n'est d'ailleurs pas sa première tentative puisque en 2013 elle sort Perfect Mothers, adaptation d'une nouvelle de Dorris Lessing, mariant toujours plus la littérature et le cinéma. A ses côtés, une jolie pléiade d'acteurs dont Fabrice Luchini, Gemma Arterton (qui pour le coup, a bien choisi son prénom), Jason Flemyng, Elsa Zylberstein ou encore Niels Schneider, autant de talents de France, d'outre-Manche et d'outre-Atlantique qui promettent un jeu d'acteur original.

Gemma Bovery, c'est d'abord une histoire narrée et une carte postale normande. Des plans de paysages doux et tendres que le personnage de Martin résume par « J'avais cru trouver l'équilibre et la tranquillité … C'est raté ». Après avoir repris la boulangerie paternelle, Martin, un passionné de Flaubert, rencontre un jeune couple d'Anglais, dont les noms Charles et Gemma Bovery, lui font embrasser réalité et fantasmes littéraires. Quelle surprise cela ne lui vaut pas ! Il observe et raconte avec désir et effroi la vie de la jeune femme anglaise. D'autant plus que tout semble ressembler à la trame du roman : la lassitude du quotidien se transformant en tentative d'illusion sentimentale, d'effusion des amours puis de tragédie moderne. Bref, une Emma du XXIème où l'on découvre finalement que peu de chose a changé dans les cœurs humains depuis deux siècles.

Mais la force de ce film réside sûrement sur un juste équilibre entre fidélité, comédie et nouveauté par rapport au roman graphique et à la grande œuvre flaubertienne. L'effacement progressif de la limite entre fiction et réel permet à la caméra de s'approcher, tel l'écrivain et sa plume, au plus près des personnages-acteurs sans a priori ni préjugé. On y éprouve une certaine sensualité à la vision (ou à la lecture!) de ce film, les accents anglais et français en témoignent délicieusement. Les acteurs font aimer mais aussi rire puisque entre comédie et drame, cette adaptation d'Anne Fontaine s'adresse au plus grand nombre et l'ultime conquête qui fera de vous un spectateur abouti, sera de repartir du cinéma avec la ferme intention de (re)lire Madame Bovary.
Lucas, Première ES2.

  Vu au cinéma par Héloise :

Le Loup De Wall Street (Martin Scorsese).


Dès la première scène, le ton est donné : de la débauche, du sexe, de l'argent, de la drogue, des arnaques.
Scorsese n'a pas perdu de sa superbe, fidèle à lui même et à son style. Cru, il va droit au but.
Durant trois heures, on suit la naissance, la mort et la renaissance de Jordan Belfort, traider de Wallstreet, qui a fondé son empire sur du vent et des actions à deux sous. 
Un rôle qui semble avoir été taillé sur-mesure pour DiCaprio, interprétant à merveille ce que peut être le rêve américain et les débordements qu'il entraîne. 
Pas vraiment le genre de film qui vous donne envie d'ouvrir une bouteille de Don Perignon et de se mettre à la finance.
Et bien évidement, « Cheers ! ». 
Héloise, Première L.

Vu au théâtre de La Manufacture, 

 George Kaplan.

Sur un texte et une mise en scène de Frédéric Sonntag, George Kaplan fait s'opérer l'original, le déroutant et le mystère. Derrière ce nom se retrouvent cinq comédiens (dont F. Sonntag lui même) incarnant tour à tour un groupe d'activistes clandestins en pleine décomposition, des scénaristes hollywoodiens à la recherche d'un nouveau concept de série-télé et un puissant gouvernement ultra-secret dont l'existence et l'équilibre mondial sont mis en danger (ouf!) . Quel rapport peut bien unir ces trois tableaux, ces trois existences si éloignées ? Un seul nom : George Kaplan. De ce crescendo théâtral apparaît un mélange des genres perturbant : comédie, drame, action, science-fiction, …

    Fréderic Sonntag fait tomber les barrières du réel et du fantastique afin d'inspirer le vertige. Oubliez le spectateur bien tranquille, vous voilà déjà aspirés dans un abyme infernal où vos derniers repères seront votre siège. Une pièce qui propose aussi un duo théâtre/cinéma très lumineux, où le jeu des comédiens adopte celui d'acteurs et inversement. Renversant puis stupéfiant, George Kaplan témoigne de cette course à l'irréel où tout est fait pour nous divertir, entre les prosélytes cachés, les films à gros budget de la planète USA et les certitudes complotistes.

    Tiré du film d'Alfred Hitchcock <<La mort aux trousses>> (North by Northwest), le nom de George Kaplan désigne beaucoup de choses et rien à la fois : un espion, une identité secrète, un collectif, une opération militaire, une arme ou alors un concept, une idée de film, voire une poule … ou juste Monsieur Tout le monde, le mystère plane inlassablement. « Mais qui donc est George Kaplan ?! » s'exclame-t-on sur scène, Alfred Hitchcock se le demande lui-même. Quelque chose à la fois de terrifiant et d'obsédant, il ne vous reste qu'un seul pas pour connaître la vérité George Kaplan … ou pas.
Lucas, Première ES2.

Ecouté par Marine, élève de Première L :

<<Rétroviseur>>,  NEVCHE , un album où on prend le temps de regarder derrière nous « dans le regard chasseur du rétroviseur ».


Le chanteur Frédéric Nevchehirlian, coupe son nom de famille en deux (pour simplifier la prononciation nous a-il confié lors de sa visite au lycée) mais il préserve tout de même son identité à travers l’album. Ce jeune marseillais d’origine, a d’ailleurs consacré une musique à sa ville, intitulée tout simplement Marseille. Sur une mélodie aux airs nostalgiques, nous voyageons avec lui à travers le texte.

La guitare, son instrument de prédilection, est présente sur tous les titres de l’album. Nevche traite principalement les thèmes de l’amour, nous découvrons le coté romantique du chanteur à travers sept titres mais nous pouvons également retrouver des critiques de notre société comme par exemple dans « Les Régimes à la mode » où le chanteur souligne le caractère absurde des régimes amaigrissants en tous genres. Nous retrouvons aussi de l’engagement dans le titre « Rendez-nous l’argent » où plusieurs voix de plusieurs ethnies s’élèvent en criant Rendez-nous l’argent ! Give my money back! Un titre qui nous encourage à réagir, à nous révolter contre une société parfois injuste. Nevche utilise un phrasé qui fait passer une multitude d’émotions, on ressent dans <<Marseille>>, une des chansons de ce nouvel opus, la nostalgie et l’amour qu’il a pour sa ville. Nous ressentons la colère et la révolte à travers <<Rendez-Nous l’argent>> ou encore la déception avec <<Notre Rendez-vous>> mais aussi la tendresse et l’amour à travers <<Si nous marchons ensemble>> ou <<Grands Brûlés de l’amour>>.

Le chanteur se montre à la fois doux et engagé et c’est ce qui fait la magie de cet album.



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