Au terme de 5 mois d'écoute et d'écriture voici quelques chroniques rédigées par des élèves de la classe de Première S2.
Prenez le temps de lire, imaginez ce que vous allez écouter, puis écoutez la différence...
A lire en fin d'article : "Les chansons doivent prendre l'air !"
Un entretien croisé entre Babx et Bastien Lallemant lors de leur venue à la Malgrange (publié dans le supplément TÉLÉRAMA "Prix Charles Cros de la nouvelle chanson française", juin 2016).
Zaza Fournier, Garçon
Chérie, où est le dîner ?
« Tiens-toi
droite ! », « Parle moins fort !», « Sois
plus soignée !» tel est le quotidien de nous toutes, les
filles. Seulement toutes ces conventions commencent à nous peser
lourd. Nous aussi on veut faire ce que l’on veut et Zaza est
d’accord avec nous ! Les filles, son titre « garçon »
sorti en 2015 et tiré de son album Le
Départ va
terriblement vous plaire. Zaza Fournier met les pieds dans le plat et
déclame haut et fort son ras-le-bol ! En chanson s’il-vous
plaît ! Un mot ressort de cette musique : déterminée.
Notre copine Zaza a en effet choisi une musique rythmée, et un chant
presque parlé. Elle s’assume aussi par le texte où elle dénonce
ouvertement les codes imposés aux filles (Avoir
les ongles un peu sales),
le harcèlement dans la rue (Sans
qu'on regarde mon cul)
et le sentiment de ne pas être entièrement libre (A
l'aise dans mes baskets).
Elle joue les gros durs et ça fonctionne ! Son expérience en
tant que comédienne, lui permet de se lâcher et de s’amuser. Mais
rassurer vous notre petite rigolote n’entend en aucun cas passer
dans l’équipe adverse ! Elle se moque gentiment du
comportement des garçons avec ironie et avec de nombreux clichés
assumés (Ne
plus laver mon bluejean).
De plus, elle ne renie pas notre touche féminine et sensuelle grâce
aux chœurs, présents tout au long du titre ! Zaza a encore une
fois tout compris car nous pouvons toutes nous identifier aux paroles
de sa chanson. Fini le temps des femmes au service des hommes,
l’émancipation approche.
Léna,
Première S2
Maya
Kamaty, Ansanm
Un
remontant hivernal inespéré
Vous
avez déjà visité la Réunion ? Non, Maya Kamaty ne propose pas des
promotions sur les
dernières
places d’avion mais elle nous emmène pourtant bien loin de notre
petit chez-nous.
Ansanm,
tiré de son nouvel album Santié Papang, est un véritable hymne à
la culture réunionnaise.
Vous
êtes chez vous, pourtant fermez les yeux et vous serez à la Réunion
: les pieds dans l’eau et le
soleil
vous caressant la peau. La jolie réunionnaise prend le parti de
l’authenticité en choisissant des
instruments
traditionnels du Maloya, genre musical originaire de l’île.
L’harmonie règne entre le
roulèr,
le Kayam, le youkoulélé et la voix douce et apaisante de Maya. Les
sonorités créoles nous
étant
inconnues, la voix fait office d’instrument de musique à part
entière.
Dès
les premières paroles,
nous
sommes déjà réchauffés, mais lisez plutôt : « Pars la mer lé
for Pars le van déor ». Vous ne
comprenez
rien ? Certes, mais à quoi bon ? La langue parle d’elle-même par
sa beauté et son
exotisme
! Le tempo lent et la quiétude qui en dégage transmet l’intention
de la chanteuse. Bien loin
du
groupe de rock de ses débuts, Maya Kamaty propose une parenthèse
qui rompt avec la morosité.
Elle
nous fait une proposition : celle de prendre son temps, au moins un
court instant.
Léna, Première S2.
Babx
et Camélia Jordana, je
ne t'ai jamais aimé
Le
romantisme en une chanson
Je
ne t’ai jamais aimé,
en voilà des mots que l’on n’aimerait pas entendre !
Pourtant c’est bel est bien le titre de BabX sorti en 2013. Ici,
Camélia Jordana et BabX déclament en cœur leur dégoût partagé
sur un ton calme et détaché, mais un dégoût… feint ! Bien
difficile à croire mais lorsqu’ils affirment « Même pour
tout l'or du monde Jamais je ne t'aimerai », il faut comprendre
totalement le contraire et l’ironie se poursuit sur l’intégralité
de la chanson. Bien loin des déclarations d’amour à l’eau de
rose, celle-ci paraît touchante et authentique. Les paroles
berçantes voguent au gré des rayons du soleil d’été, sur une
mélodie récurrente mais douce. Les voix s’emmêlent et
s’entremêlent pour ne faire qu’une. Les instruments apparaissent
timidement, et émergent petit à petit, pour en fin de compte,
prendre le dessus sur les deux voix. Le clip agréable et coloré, à
l’image du morceau, présentent les artistes face à face dans un
décor d’une balade au solstice de l’été. Un clip signé,
encore une fois, Armel Hostiou. Une collaboration qui fonctionne
parfaitement avec BabX. Contrastant la noirceur des textes de son
album Drones,
on en retient un titre délicat plein de soleil. Il nous
décroche, en effet, malgré nous, un petit sourire en coin.
Léna,
Première S2.
Ben
Mazué, L'Onde.
Veuillez Patienter…
Attendre…
Parfois il n’y a que ça à faire. Tourmenté par les tempêtes de
la vie, Ben Mazué nous le démontre dans L’onde. Au cœur de son
album 33 ans, l’artiste nous conte une jolie poésie. On
l’imagine assis sur son radeau, épuisé mais étrangement calme.
Petit point sur sa vie : un vrai naufrage (Je vis dans un bateau qui
coule), Mazué est pris le bec dans l’eau (J'écope autant que je
peux). Un sentiment que tous connaissent à un moment donné.
Seulement, l’artiste est à contre-courant. Au lieu de s’entêter
à sombrer, il nous invite à regarder l’horizon. Il prend du
recul, comme si la tempête ne l’affectait pas. Et attend. Le
chanteur se trouve dans un endroit mystérieux. Un lieu en marge de
sa vie où celle-ci est représentée par un cours d’eau. Et nous
attendons avec lui sa prochaine vague de bonheur. Les couplets
retracent le cours de ses mésaventures. Le flow devient, de ce fait,
plus rapide et rythmé. Puis tout s’apaise dans les refrains : en
découle un tempo lent et une mélodie entraînante. L’onde
représente l’approche du bonheur tant désiré. Une approche
tranquille, très tranquille, pour rappeler que nous sommes tous
impuissant face au destin (L'onde attend d'atteindre enfin mon
rivage) A mi-chemin entre rap et chant, la musique soul nous mets
l’eau à la bouche. Alors asseyons-nous tous calmement, et soyons à
l’affût. Dans l’espoir de vivre, peut-être un jour, d’amour
et d’eau fraîche.
Léna,
Première S2.
Salomé
Leclerc, Arlon
Aujourd’hui
direction de nouveaux horizons avec Salomé Leclerc, la jeune
québécoise.
A
27 ans, elle décide de publier «27
fois l’aurore» un
album qui fait voyager les sens et réalisé
dans la ville d’Arlon,
coïncidence
? Pas vraiment.
A
l’écoute de sa chanson «Arlon»,
c’est d’abord sa voix qui nous séduit. Une voix, à la fois
rauque et fragile, la lumière et l’ombre. Ce jeu de lumières dans
le clip, mais aussi dans les paroles, instaure un effet mystérieux.
«Arlon» est une chanson on ne peut plus dynamique : guitares
électriques, synthétiseurs, percussions au rythme
régulier. En bref, une chanson intrigante mais envoûtante !
La
chanteuse s’inspire beaucoup du groupe “Atoms for peace”,
notamment de leur album «Amok», lui-même inspiré du roman de
Stefan Zweig : “[Amok
est] l'album que j'ai le plus écouté pendant la création de mon
disque.[...] C'est le disque qui m'a le plus inspirée [...]
notamment dans ses rythmes électros.”
«Arlon»
une chanson électro, pure et dure dans laquelle la chanteuse semble
s’évader. Où va t-elle? A Arlon? Nous ne le saurons peut-être
jamais.
Lana,
Première S2.
Ben
Mazué, L'Onde.
33
ans
« Je
ne connais pas la portée d’un tel choc… » C’est ce que
nous dit Ben Mazué dans son titre L’Onde,
extrait
de son nouvel album 33
ans.
Dans cette chanson, Mazué nous livre un parlé-chanté sur la vie
elle-même. En racontant ses doutes et ses angoisses, il partage une
part d’intimité, tout en sincérité, avec son public. Pour lui,
« Le temps est une pente glissante », la vie est un
« cercle vertueux », on se doute qu’avec son texte Ben
Mazué nous raconte une parcelle son existence. La métaphore au
début du texte montre que ce dernier essaye de survivre dans ce
monde. Cependant, au fil de la chanson, on sent que l’artiste prend
en maturité et qu’il « [fera] face au grès des vents ». De
plus, l’instrumental n’est pas seulement un accompagnement mais
bien une partie intégrante de ce titre. Ce mélange de percussions
et de piano donne une mélodie onduleuse qui se mêle parfaitement
avec la voix unique de Ben Mazué. C’est donc touchant que l’on
peut qualifier l’univers de cet artiste pleins de talents. On
retrouve aussi cette sensibilité dans le reste de son album qui
retrace différentes étapes de la vie.
Justine, Première S2.
Bastien Lallemant : Un million d'années.
Bastien Lallemant : Un million d'années.
C’est
perché dans sa Maison Haute que Bastien Lallemant a fait son grand
retour en 2015, après cinq ans de consécration aux “Siestes
acoustiques”.
Tandis
que son dernier album, le Verger, évoquait des histoires sombres, la
Maison Haute, elle, paraît plus intimiste. L’artiste dijonnais y
évoque l’amour avec une minutieuse délicatesse, en y mêlant le
clair-obscur de nos sentiments, "les joies la peur aussi".
Au détour d’un rêve, Un million d’années semble poursuivre le
fantôme d’un amour déchu. L’histoire d’un homme qui, dans
l’ombre de ses souvenirs, revient sur son passé amoureux. Au
travers d’une fiction animée, le clip met en scène cette passion
mise à l’épreuve du temps. Par un jeu de teintes noires et
blanches, nous suivons à la trace l’épopée poétique de ces
anciens amants. Les retours sur le personnage central ne sont pas
sans nous rappeler Serge Gainsbourg, la cigarette portée à la
bouche …
En
effet, Gainsbourg des temps modernes, Lallemant a tout de l'artiste :
de la voix posée aux guitares un peu western, du phrasé articulé
aux intonations graves et descendantes, le tout accompagné d'un
tempo au ralenti dans un univers énigmatique. En plus de sa
ressemblance avec le chanteur, d’autres éléments extérieurs lui
ont permis la confection de l’album. Réalisé par Seb Martel et
Jipé Nataf, la Maison Haute aura reçu l’aide de plusieurs
artistes de la pop française, tels que Bertrand Belin, les
Innocents, jusqu’à Camélia Jordana et Vanessa Paradis.
Véritable
fruit d’un travail collectif, la Maison Haute sera ravie de vous
accueillir … Mais n’attendez pas un million d’années !
Jérémie Bossone : Rien à dire.
“Moi
qui me prétends écrivain, eh bien ce soir j’ai rien à dire”.
Rien à dire ? En êtes-vous sûrs ? Il ne faudrait pourtant pas
manquer d’annoncer le retour de Jérémie Bossone dans les bacs,
avec la sortie de son album Gloires.
Haine,
amour, voyage ou encore désespoir semblent être ses thèmes de
prédilection. Dans Rien à dire, il est question de la fièvre de la
page blanche, symptôme irrémédiable et assassin pour l’auteur.
Le clip nous montre un homme qui déambule dans les rues de Paris, en
quête d’inspiration à la sortie d’un bar. Mais le monde ne
l’atteint plus, les mots ne lui viennent plus. Le ton augmente au
fil des paroles, des notes, des images. Les violons s’accélèrent,
la voix s’emballe, les rues défilent plus rapidement. Une course
folle à l’inspiration qui nous saisit et nous entraîne en plein
coeur du désarroi de l’artiste.
Croisement
moderne entre Noir Désir et Jacques Brel, Jérémie Bossone possède
une voix qui a le pouvoir de nous interpeller. Fièvre et liberté
semblent être ses mots d’ordre. Sa plume ne manquera pas de vous
séduire, bien qu’il n’ait rien de plus à dire…
Justine, Première S2.
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