Sophie Avon. |
Cette fois-ci, elle s'est entretenue non pas de cinéma (voir le blog.cinéma du lycée) comme en 2013 mais de son travail d'auteure.
Des questions précises. |
Des réponses enthousiastes. |
Après qu'ils aient lu et analysé son dernier roman, Dire adieu, l'entretien a permis aux élèves de poser des questions sur les intentions de sa démarche, sur les conditions de la création d'un récit, sur la manière dont un écrivain construit une héroine de roman à partir d'un personnage réel. Dire adieu est en effet l'hommage d'une fille à sa mère, celle de Sophie Avon.
L'entretien s'est prolongé dans la soirée à la librairie La Taverne du Livre à Nancy avec le public.
A cette occasion, les élèves avaient rédigé des courtes chroniques qu'ils ont présentées à leur invité, en voici quelques-unes.
Dire adieu, Mercure de France, 2014.
Écrire pour dire Adieu
La mort, c’est la
certitude que l’on ne se reverra plus. Pourtant, Sophie Avon a du
mal à faire son deuil, à accepter de départ de sa mère. Une femme
malade et malheureuse en proie à une envahissante dépression. Un
intrigant paradoxe avec la personnalité de la mère. Vivante,
soignée et constamment en mouvement, son esprit vit pourtant en
marge d’une société en laquelle elle ne croit plus. Sophie qui,
enfant, écoutait sa mère pleurer avec compassion, a fini par perdre
patience. Adulte, elle a compris que sa mère ne serait plus jamais
heureuse. Ses appels dont devenus mécaniques, ses visites
irrégulières. Et puis quelques fois, la mère et la fille se
retrouvent, partagent, rient, comme des soeurs. Dans son roman
intitulé Dire
Adieu,
Sophie
Avon évoque sa mère vraie et sans artifice. Elle en fait sa propre
héroïne romanesque.
Puis
arrive la maladie, les rôles s’inversent. Sophie prend soin de sa
mère comme d’un bijou fragile. Elle prend conscience de son
importance, de son besoin d’être à ses côtés, du temps perdu.
Une mort attendue et libératrice pour la mère, qui bouleverse la
fille.
C’est
ainsi que Sophie prend sa plume et rédige un dernier Adieu. Faisant
la démonstration d’un amour inépuisable, elle rend un dernier
hommage à celle à qui elle en a tant voulu, mais aussi à celle à
qui elle doit tout. Un récit tout en sincérité.
Alice.
Dire
adieu pour dire bonjour
Dire adieu
pour dire bonjour c’est comme dire que je te hais pour te prouver
que tu es la seule que j’ai autant aimée. C’est cette relation
paradoxale, les rôles qui s’échangent, l’amour qu’on porte à
une mère, et la confusion des émotions que Sophie Avon nous décrit.
Elle couche des fragments de vie, des ébauches de sentiments sur le
papier. Elle transpose les souvenirs qui lui restent.
Je comprends « Dire
adieu » comme l’acceptation d’une rupture. C’est la force
des mots. C’est cette manière de sortir ses peines, ses rires, ses
déceptions et ses incompréhensions sans jamais plonger dans le
pathos.
On se construit à
travers sa mère et son absence détruit. Mais comme l’a dit Marcel
Proust : « Quand d’un passé ancien rien ne subsiste,
après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules,
plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus
persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore
longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer,
sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur
gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du
souvenir. »
.
Dire Adieu
est un hommage bouleversant. Il est l’expression d’une souffrance
bien déguisée, sous des phrases à l’allure légère.
Prudence.
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