Le Misanthrope à la Comédie Française
Dimanche 11 octobre en matinée (14h)
Émotion intacte après presque 350 ans...
Et faisons un peu grâce à la nature humaine;
Ne l’examinons point dans la grande rigueur,
Et voyons ses défauts avec quelque douceur.
Molière revient dans sa "maison" qui prend un sacré coup de jeune grâce à la mise en scène de C. Hervieu-Léger.
Le Misanthrope, ça ne vous dit rien ?
Pas de problème, une petite piqûre de rappel est la bienvenue. Vous savez Le Misanthrope... c’est l’histoire d’Alceste qui n’aime personne car il trouve tout le monde hypocrite et médisant.
Nous remontons donc d’un pas hâtif la rue de Rivoli : Molière ça se mérite !
La Comédie Française se dresse devant nous, édifice empreint d’authenticité et d’élégance : le choc !
Après la pause déjeuner, ponctuels et fidèles au poste, on s’y retrouve:
le spectacle va pouvoir commencer.
Les murs blancs aux élégantes moulures, la moquette rouge qui tapisse le sol, les sièges de velours, les escaliers interminables sans oublier les membres du personnel sur leur 31 : tout nous inspire une grande admiration. Placés au "poulailler" *... qu’importe, la vue est imprenable!
Pas de rideau traditionnel:le décor s’offre déjà à nous…
Deux lustres attirent notre attention :
l’un illumine la salle, l’autre est posé sur la scène, bancal et... éteint.La salle plonge alors dans l’obscurité et le lustre scénique ... s’illumine en prenant son envol.
Un moment de grâce.
Alceste, déjà en colère, fait les 100 pas sur scène.
Le metteur en scène propose un décor plutôt simple, intemporel mais qui va connaître une métamorphose. Épurée au début, la scène se pare d’une table en fête, mise en place minutieusement par le ballet orchestré des soubrettes de Célimène avant son repas mondain.
Puis progressivement ...
le décor finit par se dépouiller et représente le désert dans lequel Alceste souhaite s’isoler : du” Paraître” à l’”Etre” en quelque sorte...
Pour Oronte, il fallait du orange! Son costume s’en charge ! On devine la vanité du personnage ... Bien évidemment il se fait prier pour son sonnet aussi ridicule que lui. De son côté, Célimène opte pour une robe près du corps, noire dans un premier temps puis rouge. Quelle audace ! Elle incarne la séduction, la tentation.Quant à la prude Arsinoé, en tailleur pantalon tendance business woman, telle une prédatrice, elle semble fondre sur sa proie…
Alceste, quant à lui, arpente la scène, crie son désespoir : en amoureux blessé,il souffre. La voix tourmentée de “l’homme aux rubans verts” nous touche, son regard est absent sauf à la vue de sa bien aimée.Vêtu d’un manteau doublé de vert, notre atrabilaire offre un visage mélancolique dont les tortures intérieures se devinent. Il erre sur la scène, d’un bout à l’autre du plateau pianotant quelques notes,ne sachant où trouver sa place... Le choix final très sombre du metteur en scène offre une sortie en solo pour Alceste côté cour tandis que Philinte et la douce Eliante sortent côté jardin…
Nous quittons la “ruche” mais à la sortie ...
le rêve ne prend pas totalement fin ...
un orchestre semble nous attendre place Colette et répand encore la magie de l’art dans les rues de Paris.
* pour les non-initiés, il s’agit des places situées tout en haut
et occupées par les moins aisés...
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