vendredi 24 mai 2013

CHRONIQUES LYCEENNES 2013 : le jury Charles Cros a eu l'oreille fine.


ELYSE  et MARIE, élèves de Première Littéraire ont été convaincantes auprès du jury des CHRONIQUES LYCÉENNES;  leurs critiques ont été sélectionnées et figurent dans le supplément des INROCKUPTIBLES (semaine du 22 au 28 mai 2013, n° 912).
Bravo aussi à tous les élèves de la classe de Première ES2 et de Première L qui ont fait vivre la chanson francophone en rédigeant leurs chroniques tout au long de l’année !

Bonne lecture et bonne écoute !


BO HOUSS

All eyes on him ! Bien loin d’un certain hip-hop américain, ostentatoire et aseptisé, Bo Houss (de son vrai nom Houssamouddine Kordjee) nous fait voyager jusqu’à Mayotte. Les sonorités mélodieuses de la chanson contrastent toutefois avec leur sens véritable, ce morceau étant un appel à la révolte et un hymne à l’espoir. L’équilibre trouvé entre passages calmes et refrains scandés donne au morceau la force nécessaire pour porter les attentes de tout un peuple. Les paroles en shimaore renforcent le sentiment patriotique et permettent à l’artiste de conserver une originalité que beaucoup d’autres ont perdue. Bo Houss manifeste cependant sa volonté d’être écouté par d’autres populations car l’essentiel de son message est chanté en anglais : « Yes I Can ! ». En cherchant à mêler un son urbain à la culture musicale mahoraise, Bo Houss se positionne en porte-parole des jeunes de Mayotte, et nous donne envie de scander avec lui « Si je veux, je peux ! »
Malheureusement, l’enclavement de cette région d’outre-mer l’empêche de réellement percer en métropole.« Yes I can » ne laisse pas indifférent et change notre perception du peuple mahorais. Les sonorités de la langue paraissent nous bercer, en fait elles nous réveillent.
Ce morceau nous donne envie de bouger, mais surtout d’agir ! « Ishi lidza iyo nai fanya » (ça tue ce que je fais) clame Bo Houss, et il a bien raison.

Marie Hirtzberger, classe de Première Littéraire.

BROC'N'ROLL

Ils en avaient marre de répéter dans leur cave. Casting de rêve avec un Eric Delbouys desTêtes Raides à la batterie, un Stéphane Balmino plus que révolté derrière son micro, un Arthur Gandara acharné à la basse et Stagef, un guitariste hors pair qui a co-écrit la bande originale de «Bye Bye Blondie», film de Virginie Despente. Avec des influences diverses et variées, en passant de Bashung jusqu'aux Ramones, Broc nous offre un rock'n'roll de qualité avec des airs de Noir Désir.
Voici Broc qui se réveille avec un «On s'endormira» en guise de propagande. Cette seconde piste du premier album du groupe, «Des trucs qui poussent» (sorti le 4 février dernier) nous laisse les yeux écarquillés et le souffle coupé après les 3 minutes 29 de la chanson. Elle sait faire vibrer nos tympans, qui pourtant, n'avaient plus rien ressenti depuis «Down on the Corner» des Creedence Clearwater Revival. Paroles simples, courtes et directes qui nous prévoient un lendemain ombrageux avec l'abandon d'une femme «Où que tu t'en ailles / Que ton absence sera ma peau / Clouée au creux de mes entrailles / Comme un dernier coup de couteau».
Que demande le peuple ? Broc, tout nouveau concept en voie de disparition, membres marginaux. À consommer sans modération.

Elysa Loetscher, classe de Première Littéraire.