lundi 13 juin 2016

Chroniques lycéennes à la Malgrange : la chanson a pris l'air !

Au terme de 5 mois d'écoute et d'écriture voici quelques chroniques rédigées par des élèves de la classe de Première S2.
Prenez le temps de lire, imaginez ce que vous allez écouter, puis écoutez la différence...

A lire en fin d'article : "Les chansons doivent prendre l'air !"
 Un entretien croisé entre Babx et Bastien Lallemant lors de leur venue à la Malgrange (publié dans le supplément TÉLÉRAMA "Prix Charles Cros de la nouvelle chanson française", juin 2016).


Zaza Fournier, Garçon
 
Chérie, où est le dîner ?

 « Tiens-toi droite ! », « Parle moins fort !», « Sois plus soignée !» tel est le quotidien de nous toutes, les filles. Seulement toutes ces conventions commencent à nous peser lourd. Nous aussi on veut faire ce que l’on veut et Zaza est d’accord avec nous ! Les filles, son titre « garçon » sorti en 2015 et tiré de son album Le Départ va terriblement vous plaire. Zaza Fournier met les pieds dans le plat et déclame haut et fort son ras-le-bol ! En chanson s’il-vous plaît ! Un mot ressort de cette musique : déterminée. Notre copine Zaza a en effet choisi une musique rythmée, et un chant presque parlé. Elle s’assume aussi par le texte où elle dénonce ouvertement les codes imposés aux filles (Avoir les ongles un peu sales), le harcèlement dans la rue (Sans qu'on regarde mon cul) et le sentiment de ne pas être entièrement libre (A l'aise dans mes baskets). Elle joue les gros durs et ça fonctionne ! Son expérience en tant que comédienne, lui permet de se lâcher et de s’amuser. Mais rassurer vous notre petite rigolote n’entend en aucun cas passer dans l’équipe adverse ! Elle se moque gentiment du comportement des garçons avec ironie et avec de nombreux clichés assumés (Ne plus laver mon bluejean). De plus, elle ne renie pas notre touche féminine et sensuelle grâce aux chœurs, présents tout au long du titre ! Zaza a encore une fois tout compris car nous pouvons toutes nous identifier aux paroles de sa chanson. Fini le temps des femmes au service des hommes, l’émancipation approche.

Léna, Première S2


Maya Kamaty, Ansanm

Un remontant hivernal inespéré

Vous avez déjà visité la Réunion ? Non, Maya Kamaty ne propose pas des promotions sur les
dernières places d’avion mais elle nous emmène pourtant bien loin de notre petit chez-nous.
Ansanm, tiré de son nouvel album Santié Papang, est un véritable hymne à la culture réunionnaise.
Vous êtes chez vous, pourtant fermez les yeux et vous serez à la Réunion : les pieds dans l’eau et le
soleil vous caressant la peau. La jolie réunionnaise prend le parti de l’authenticité en choisissant des
instruments traditionnels du Maloya, genre musical originaire de l’île. L’harmonie règne entre le
roulèr, le Kayam, le youkoulélé et la voix douce et apaisante de Maya. Les sonorités créoles nous
étant inconnues, la voix fait office d’instrument de musique à part entière.
Dès les premières paroles,
nous sommes déjà réchauffés, mais lisez plutôt : « Pars la mer lé for Pars le van déor ». Vous ne
comprenez rien ? Certes, mais à quoi bon ? La langue parle d’elle-même par sa beauté et son
exotisme ! Le tempo lent et la quiétude qui en dégage transmet l’intention de la chanteuse. Bien loin
du groupe de rock de ses débuts, Maya Kamaty propose une parenthèse qui rompt avec la morosité.
Elle nous fait une proposition : celle de prendre son temps, au moins un court instant.

  Léna, Première S2.


Babx et Camélia Jordana, je ne t'ai jamais aimé
Le romantisme en une chanson 
Je ne t’ai jamais aimé, en voilà des mots que l’on n’aimerait pas entendre ! Pourtant c’est bel est bien le titre de BabX sorti en 2013. Ici, Camélia Jordana et BabX déclament en cœur leur dégoût partagé sur un ton calme et détaché, mais un dégoût… feint ! Bien difficile à croire mais lorsqu’ils affirment « Même pour tout l'or du monde Jamais je ne t'aimerai », il faut comprendre totalement le contraire et l’ironie se poursuit sur l’intégralité de la chanson. Bien loin des déclarations d’amour à l’eau de rose, celle-ci paraît touchante et authentique. Les paroles berçantes voguent au gré des rayons du soleil d’été, sur une mélodie récurrente mais douce. Les voix s’emmêlent et s’entremêlent pour ne faire qu’une. Les instruments apparaissent timidement, et émergent petit à petit, pour en fin de compte, prendre le dessus sur les deux voix. Le clip agréable et coloré, à l’image du morceau, présentent les artistes face à face dans un décor d’une balade au solstice de l’été. Un clip signé, encore une fois, Armel Hostiou. Une collaboration qui fonctionne parfaitement avec BabX. Contrastant la noirceur des textes de son album Drones,  on en retient un titre délicat plein de soleil. Il nous décroche, en effet, malgré nous, un petit sourire en coin.
Léna, Première S2.



Ben Mazué, L'Onde.
Veuillez Patienter…
Attendre… Parfois il n’y a que ça à faire. Tourmenté par les tempêtes de la vie, Ben Mazué nous le démontre dans L’onde. Au cœur de son album 33 ans, l’artiste nous conte une jolie poésie.  On l’imagine assis sur son radeau, épuisé mais étrangement calme. Petit point sur sa vie : un vrai naufrage (Je vis dans un bateau qui coule), Mazué est pris le bec dans l’eau (J'écope autant que je peux).  Un sentiment que tous connaissent à un moment donné. Seulement, l’artiste est à contre-courant. Au lieu de s’entêter à sombrer, il nous invite à regarder l’horizon. Il prend du recul, comme si la tempête ne l’affectait pas. Et attend. Le chanteur se trouve dans un endroit mystérieux. Un lieu en marge de sa vie où celle-ci est représentée par un cours d’eau. Et nous attendons avec lui sa prochaine vague de bonheur. Les couplets retracent le cours de ses mésaventures. Le flow devient, de ce fait, plus rapide et rythmé. Puis tout s’apaise dans les refrains : en découle un tempo lent et une mélodie entraînante. L’onde représente l’approche du bonheur tant désiré. Une approche tranquille, très tranquille, pour rappeler que nous sommes tous impuissant face au destin (L'onde attend d'atteindre enfin mon rivage) A mi-chemin entre rap et chant, la musique soul nous mets l’eau à la bouche. Alors asseyons-nous tous calmement, et soyons à l’affût. Dans l’espoir de vivre, peut-être un jour,  d’amour et d’eau fraîche.

Léna, Première S2.

Salomé Leclerc, Arlon



Aujourd’hui direction de nouveaux horizons avec Salomé Leclerc, la jeune québécoise.
A 27 ans, elle décide de publier «27 fois l’aurore» un album qui fait voyager les sens et  réalisé dans la ville d’Arlon, coïncidence ? Pas vraiment.
A l’écoute de sa chanson «Arlon», c’est d’abord sa voix qui nous séduit. Une voix, à la fois rauque et fragile, la lumière et l’ombre. Ce jeu de lumières dans le clip, mais aussi dans les paroles, instaure un effet mystérieux. «Arlon» est une chanson on ne peut plus dynamique : guitares électriques, synthétiseurs,  percussions  au rythme régulier. En bref, une chanson intrigante mais envoûtante !


La chanteuse s’inspire beaucoup du groupe “Atoms for peace”, notamment de leur album «Amok», lui-même inspiré du roman de Stefan Zweig : “[Amok est] l'album que j'ai le plus écouté pendant la création de mon disque.[...] C'est le disque qui m'a le plus inspirée [...] notamment dans ses rythmes électros.”
«Arlon» une chanson électro, pure et dure dans laquelle la chanteuse semble s’évader. Où va t-elle? A Arlon? Nous ne le saurons peut-être jamais.

Lana, Première S2.
 


Ben Mazué, L'Onde.



33 ans

« Je ne connais pas la portée d’un tel choc… » C’est ce que nous dit Ben Mazué dans son titre L’Onde, extrait de son nouvel album 33 ans. Dans cette chanson, Mazué nous livre un parlé-chanté sur la vie elle-même. En racontant ses doutes et ses angoisses, il partage une part d’intimité, tout en sincérité, avec son public. Pour lui, « Le temps est une pente glissante », la vie est un « cercle vertueux », on se doute qu’avec son texte Ben Mazué nous raconte une parcelle son existence. La métaphore au début du texte montre que ce dernier essaye de survivre dans ce monde. Cependant, au fil de la chanson, on sent que l’artiste prend en maturité et qu’il « [fera] face au grès des vents ». De plus, l’instrumental n’est pas seulement un accompagnement mais bien une partie intégrante de ce titre. Ce mélange de percussions et de piano donne une mélodie onduleuse qui se mêle parfaitement avec la voix unique de Ben Mazué. C’est donc touchant que l’on peut qualifier l’univers de cet artiste pleins de talents. On retrouve aussi cette sensibilité dans le reste de son album qui retrace différentes étapes de la vie.

Justine, Première S2.

Bastien Lallemant : Un million d'années.

C’est perché dans sa Maison Haute que Bastien Lallemant a fait son grand retour en 2015, après cinq ans de consécration aux “Siestes acoustiques”.
Tandis que son dernier album, le Verger, évoquait des histoires sombres, la Maison Haute, elle, paraît plus intimiste. L’artiste dijonnais y évoque l’amour avec une minutieuse délicatesse, en y mêlant le clair-obscur de nos sentiments, "les joies la peur aussi". Au détour d’un rêve, Un million d’années semble poursuivre le fantôme d’un amour déchu. L’histoire d’un homme qui, dans l’ombre de ses souvenirs, revient sur son passé amoureux. Au travers d’une fiction animée, le clip met en scène cette passion mise à l’épreuve du temps. Par un jeu de teintes noires et blanches, nous suivons à la trace l’épopée poétique de ces anciens amants. Les retours sur le personnage central ne sont pas sans nous rappeler Serge Gainsbourg, la cigarette portée à la bouche …
En effet, Gainsbourg des temps modernes, Lallemant a tout de l'artiste : de la voix posée aux guitares un peu western, du phrasé articulé aux intonations graves et descendantes, le tout accompagné d'un tempo au ralenti dans un univers énigmatique. En plus de sa ressemblance avec le chanteur, d’autres éléments extérieurs lui ont permis la confection de l’album. Réalisé par Seb Martel et Jipé Nataf, la Maison Haute aura reçu l’aide de plusieurs artistes de la pop française, tels que Bertrand Belin, les Innocents, jusqu’à Camélia Jordana et Vanessa Paradis.
Véritable fruit d’un travail collectif, la Maison Haute sera ravie de vous accueillir … Mais n’attendez pas un million d’années !


Jérémie Bossone :  Rien à dire.


Moi qui me prétends écrivain, eh bien ce soir j’ai rien à dire”. Rien à dire ? En êtes-vous sûrs ? Il ne faudrait pourtant pas manquer d’annoncer le retour de Jérémie Bossone dans les bacs, avec la sortie de son album Gloires.
Haine, amour, voyage ou encore désespoir semblent être ses thèmes de prédilection. Dans Rien à dire, il est question de la fièvre de la page blanche, symptôme irrémédiable et assassin pour l’auteur. Le clip nous montre un homme qui déambule dans les rues de Paris, en quête d’inspiration à la sortie d’un bar. Mais le monde ne l’atteint plus, les mots ne lui viennent plus. Le ton augmente au fil des paroles, des notes, des images. Les violons s’accélèrent, la voix s’emballe, les rues défilent plus rapidement. Une course folle à l’inspiration qui nous saisit et nous entraîne en plein coeur du désarroi de l’artiste.
Croisement moderne entre Noir Désir et Jacques Brel, Jérémie Bossone possède une voix qui a le pouvoir de nous interpeller. Fièvre et liberté semblent être ses mots d’ordre. Sa plume ne manquera pas de vous séduire, bien qu’il n’ait rien de plus à dire… 

Justine, Première S2. 


 
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